Naitre d'une flaque dorée
Forme ovoïde et efflanquée
Émerger d'un fond, du néant,
Puis observer son environnement
Plat et vide de toute âme engluée
Statique, sereine, essuyant
Cette matrice épaisse et nourricière
La voilà apaisée par le silence de la matière
La voilà grande et altière, collée à la terre
Gagnée par cette force évidente...
Du rien naît des ombres passantes
Sombres, actives et galopantes
Certaines s'arrêtent un instant
puis reprennent le long chemin
Cette ligne sans début ni même fin,
Avance inexorable, piétinant le macadam
Une espèce de monticule d'amas d'âmes
Allant dans une même voie, un même sens.
La voilà qui s'élève observe assise longtemps
Sur le vide, suspendue, au dessus des gens.
Là voilà qui glisse, lisse, entrant
Dans l'espace, perturbant les sens,
Ne veut pas entrer dans le rang,
Gêne, bouscule, se débattant
Contre des mains qui l'entravent, la caressent
Dans son intime être, insistantes et perverses.
Elle s'enfuit,
Poursuivie
Puis se retourne, souveraine
Marque le stop digne d'une reine
Libère sa cohorte, change sa voie
Charge ces gens de rentrer dans le rang
Quitte l'espace lourd et oppressant
Va dans un autre espace, autre temps
Au milieu de milliers de couleurs éclatantes
L'entourant, l'élevant dans la lumière
Poser sa palette, Trouver sa sphère,
Laisser entrer la liberté
Laisser vivre ses pensées
S'assoir, être,
Juste là,
Juste bien
Dans la fine rosée,
Les arômes du jardin
Au frais petit matin,
Une souris passe, une fée,
Ou simplement une amie dotée
De tendresse infinie.
Dans un premier lever,
Puis un coucher de soleil,
Dans une tasse de thé
Le matin au réveil,
Dans cette félicité aisée
Prendre conscience de sens
Autre que rien, ébahi ou ravi
Tu naitras aujourd'hui, enfin
Gouteras des pommes, des fruits,
Libèreras ton patient destin
Parviendras à l'exquise essence
Une merveilleuse naissance...
L'ombre a conquis sa terre`
Perdue envahissante austère
Elle caresse, se couche, se terre
Sous un masque en jachère
Paresse indifférence accompagnent
Les rituels de passage.
Comme une enfant sage
Elle enveloppe de douceur
Pour tromper la torpeur
La voilà insidieuse atmosphère
Vaquer, flirter avec les vipères
Onduler, flirter avec l'hiver
Rêver d'un nouvel ailleurs
Ou peut-être du meilleur
Perdre le sens des valeurs
Au profit d'une vie sans chaleur
Perdition
Propension
Au néant fluctuant
Addition
De rêves épatants
Idéal encombrant
Équilibre sur le fil du jour
Se joue des sottises, des tours
De passe passe, du temps
Également des gens,
Des sots, des instruits
Se rit du monde, des plats esprits
Encombrés de déception
Cherchant réconciliation
La vie est bien ici
Là, dans l'aujourd'hui
S'égayer d'un rien
Aimer le petit matin
Courir les jardins
Contenter les siens
Être heureux, être bien